Imaginez une plante qui pousse dans les coins reculés de nos jardins, souvent négligée, évitée ou considérée comme une simple mauvaise herbe.
Pourtant, derrière ces modestes apparences se cachent parfois de véritables trésors de la nature. Et si nous pouvions les utiliser ?
Si l’ortie est utilisée depuis des siècles, et même mentionnée par Dioscoride, un médecin et botaniste grec du 1er siècle de notre ère, elle doit offrir une multitude de bienfaits pour la santé. Pour ce début de printemps, partons à la découverte de cette plante largement sous-estimée : l’ortie (Urtica dioica).
Feuille ou racine ?
Les feuilles et les racines d’ortie, bien que provenant de la même plante, présentent des caractéristiques distinctes et offrent des bienfaits légèrement différents.
Les feuilles d’ortie sont généralement reconnues pour leur richesse en nutriments essentiels tels que les vitamines, les minéraux et les antioxydants. Elles sont utilisées traditionnellement pour leurs propriétés détoxifiantes, revitalisantes et nutritives, et sont souvent intégrées dans des tisanes, des infusions, des compléments alimentaires ou des recettes culinaires.
En revanche, les racines d’ortie se distinguent par leurs effets sur le système hormonal, en particulier sur la prostate chez les hommes et sur les hormones sexuelles chez les femmes. Elles sont réputées pour leurs propriétés anti-inflammatoires (douleurs articulaires et troubles inflammatoires). Les racines d’ortie sont généralement utilisées sous forme de teinture, d’extrait liquide, de capsule ou de poudre.
Il est recommandé de consulter un professionnel de santé ou naturopathe pour obtenir des conseils personnalisés sur l’utilisation appropriée de l’ortie en fonction des besoins individuels et du contexte global de la personne.
Un super aliment !
L’ortie est un super aliment souvent méconnu avec une puissance nutritionnelle, ses feuilles contenant jusqu’à 30 % de protéines, ce qui en fait une excellente source de protéines alimentaires pour les végétariens et les végétaliens. En plus des protéines, l’ortie regorge de minéraux et d’oligo-éléments essentiels tels que le calcium, le magnésium, le potassium, le zinc, le soufre et, surtout, le fer et le silicium. Ces minéraux sont essentiels au bon fonctionnement de l’organisme, indispensables tous les jours.
L’ortie est également une excellente source de vitamines, notamment les vitamines A, B2, B5, B9, K et surtout la vitamine C. La vitamine C est un antioxydant qui joue un rôle important dans le système immunitaire, au niveau de la peau, les cheveux et pour la synthèse du collagène principalement.
Un autre composant important de l’ortie est la chlorophylle (qui lui donne sa couleur verte). Celle-ci est détoxifiante, a un impact bénéfique sur la muqueuse intestinale et sur l’équilibre du microbiote. Elle contribue également à alcaliniser le corps comme grand nombre de légumes.
L’ortie peut être testée dans les allergies saisonnières. Elle contient des composés anti-inflammatoires et antihistaminiques naturels, tels que la quercétine, qui peuvent aider à réduire la réponse allergique en bloquant la libération d’histamine dans le corps. Cela peut contribuer à atténuer les symptômes allergiques chez certaines personnes. Il est nécessaire de demander conseil à son médecin dans ce cadre. Comme nous l’avons vu, l’ortie est une plante riche en protéines complètes, qui contient environ 8 g de protéines pour 100 g de feuilles fraîches. Elle possède 18 acides aminés, dont 8 essentiels qui ne peuvent pas être produits par l’organisme, ce qui en fait une protéine très assimilable que l’on peut comparer aux protéines animales. Néanmoins, cette quantité de protéine sera complémentaire. En effet, 100 gr d’orties fraiches apportent 6 à 8 gr de protéines pour une moyenne de 55 à 60 gr pour un adulte.
L’ortie en cure ?
Une cure d’ortie est une pratique qui consiste à consommer régulièrement de l’ortie sous différentes formes pendant une période définie dans le but de bénéficier de ses nombreux bienfaits pour la santé. Cette pratique est souvent utilisée en naturopathie en raison de la richesse nutritionnelle de l’ortie (racine ou feuille).
Les objectifs d’une cure d’ortie peuvent varier en fonction des besoins individuels de chaque personne. Je le répète souvent, chaque personne est différente et aucune consultation ne se ressemble. Certains des objectifs courants incluent la détoxification de l’organisme, le renforcement du système immunitaire, la stimulation de la vitalité, une aide pour les allergies, l’amélioration de la digestion entre autres.
L’ortie peut être consommée sous différentes formes pendant une cure, notamment sous forme d’infusion, de jus frais, de complément alimentaire, ou même intégrée dans l’alimentation sous forme de légume. Chaque forme d’administration a ses propres avantages et peut être choisie en fonction des besoins spécifiques.
La durée d’une cure d’ortie peut varier en fonction des objectifs et des besoins individuels. Elle peut durer quelques jours à quelques semaines, voire être intégrée de manière régulière dans le mode de vie de façon continue. Je pense en particulier aux femmes qui ont des règles abondantes, il pourrait être judicieux de rajouter de l’ortie dans l’alimentation au moment des règles. Il est recommandé de consulter un naturopathe pour obtenir des conseils personnalisés sur la durée optimale de la cure.
Comment l’utiliser au quotidien ?
Dans notre quotidien, intégrer l’ortie dans notre alimentation peut être une façon simple et efficace de bénéficier de ses nombreux bienfaits pour la santé.
Les feuilles fraîches d’ortie peuvent être ajoutées aux salades, aux soupes ou aux smoothies verts pour enrichir leur contenu nutritionnel. On peut également réaliser du pesto d’ortie, l’intégrer dans un cake salé, dans une tarte ou encore réaliser à l’extracteur un jus de légume avec juste de l’ortie ou associée avec d’autres légumes (par exemple : carotte, épinard, concombre ou encore avec du gingembre ou de la spiruline). Elles apportent une saveur légèrement herbacée et une texture intéressante à de nombreux plats. De plus, les feuilles d’ortie peuvent être cuites à la vapeur ou à la poêle le comme des épinards. A noter que la cuisson vapeur durant 1 mn lui fait perdre l’effet urticant.
Pour ceux qui préfèrent les boissons chaudes, l’infusion d’ortie est une option réconfortante et bénéfique. Il suffit de faire infuser des feuilles d’ortie séchées (1 cuillère à soupe dans une bonne tasse) et laisser infuser 5 à 10 mns pour obtenir une tisane revigorante. Pour les racines d’ortie, prendre 1 cuillère à soupe pour une bonne tasse, mettre dans de l’eau froide, amener à ébullition, faire bouillir 1 mn puis laisser reposer au moins 10 mns. Cette infusion peut être consommée seule ou mélangée à d’autres plantes pour créer des mélanges personnalisés.
L’ortie est également disponible sous forme de poudre, ce qui la rend facile à intégrer dans diverses recettes. La poudre d’ortie peut être ajoutée à des smoothies, des jus, des soupes, des sauces pour augmenter leur valeur nutritionnelle. Elle peut également être saupoudrée sur des plats cuisinés ou des salades pour un coup de pouce nutritif supplémentaire.
Précautions et contre-indications
Avant d’intégrer l’ortie dans votre pratique de naturopathie, il est important de prendre en compte certaines précautions et contre-indications.
Bien que l’ortie soit généralement considérée comme sûre pour la quasi-totalité des personnes, il existe des situations où son utilisation peut ne pas être appropriée. Les personnes prenant des médicaments anticoagulants ou des médicaments pour réguler la tension devraient consulter un professionnel de santé avant de consommer de l’ortie, car elle peut potentiellement interagir avec ces médicaments.
De plus, les personnes souffrant de problèmes rénaux, cardiaques ou ayant des antécédents d’allergies aux plantes de la famille des Urticacées, à laquelle appartient l’ortie, devraient éviter son utilisation ou consulter un professionnel de santé avant de l’employer.
Naturellement, on évite de donner des cures d’ortie aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 12 ans.
En outre, l’ortie fraîche peut provoquer des réactions cutanées chez certaines personnes sensibles au contact avec les feuilles fraîches. Il est donc recommandé de manipuler l’ortie avec précaution et de porter des gants lors de la récolte ou de la préparation.
En suivant ces précautions et en consultant un professionnel de santé en cas de doute, vous pouvez profiter en toute sécurité des nombreux bienfaits de l’ortie en naturopathie, un trésor pour la santé.
En conclusion, nous avons vu que l’ortie ne devrait pas être juste considérée comme une mauvaise herbe envahissante, mais plutôt comme un trésor de la nature avec de nombreux bienfaits pour la santé et de multiples façons de l’utiliser en naturopathie. En fin de compte, il est temps de redécouvrir les propriétés exceptionnelles d’une plante si souvent sous-estimée mais puissante comme l’ortie.
Pour aller plus loin
Voici les conseils de la jardinière passionnée qu’est Stéphanie, webmaster de jardinier-amateur.fr pour savoir comment cultiver un carré d’ortie.
Et si on se lançait ensemble dans la culture d’ortie (Urtica dioica) pour en avoir à portée de main au lieu de la supprimer du jardin ? Sans entretien, les feuilles de cette plante vivace ont de nombreux bienfaits pour le jardin et de multiples atouts pour la santé. Cultivée comme légume ou plante à infusion, comment faire pour profiter des feuilles d’ortie pratiquement toute l’année ?
Peut-on semer des orties ?
Il apparaît bizarre de parler de semis pour des orties alors que cette plante bio-indicatrice est souvent considérée comme mauvaise herbe. C’est vrai, l’ortie et plus particulièrement ses feuilles vertes recouvertes de poils urticants sont de vrais trésors pour le jardin et la santé.
Le semis n’est pas la technique la plus répandue mais si vous achetez un sachet de graines en jardinerie, vous pouvez vous lancer dans le semis. L’ortie a l’avantage de se plaire dans toutes les régions de France. Etudiez bien l’emplacement car l’ortie peut vite s’étaler et devenir envahissante. En pleine terre, canalisez l’ortie dans un petit carré fait de planches ou délimité avec un plastique anti-rhizome. Sur le balcon ou la terrasse, semez les graines dans un bac ou une potée, contenants préconisés.
Comment semer ou planter des orties ?
Dès le mois de mars et ce, jusqu’à juin, semez les graines d’ortie à l’abri dans un pot placé dans une pièce à 20°C ou bien plantez un pied en pleine terre. Repiquez les jeunes plants en mai à l’extérieur, une fois les gelées passées. Choisissez un endroit entre la mi-ombre et le soleil. L’ortie va se plaire dans tous les types de sol, même les endroits difficiles avec un sol aride. Pour la plantation, récupérez une motte chez des voisins ou des amis que vous replanterez rapidement à son emplacement final.
Comment entretenir l’ortie ?
En pleine terre, arrosez seulement au moment de la reprise. Dans un contenant, apportez de l’eau régulièrement en laissant sécher la terre entre 2 séances, et ce, seulement l’année de plantation. L’ortie est une plante facile qui demande peu d’entretien. Coupez régulièrement les inflorescences pour éviter d’affaiblir la plante et la dissémination des graines qui se ressèmeraient spontanément.
Quand et comment récolter les feuilles d’ortie ?
Vous pouvez cueillir des feuilles du printemps à l’automne, hors période de floraison. Privilégiez les cueillettes du matin, lorsque les feuilles sont bien fraîches couvertes de rosée. Muni d’une paire de gants car elles sont urticantes, cueillez les jeunes feuilles tendres et bien vertes. Conservez les vieilles feuilles pour faire un purin ou mettre dans le composteur. Passez toujours les feuilles sous un filet d’eau mélangé à du vinaigre blanc pour les laver. Utilisez-les rapidement car elles ont tendance à perdre de leur qualité à l’air libre, une fois détachées des tiges.
Puis-je conserver mon ortie longtemps ?
– Dans le jardin : oui, l’ortie est une plante vivace qui une fois installée, va se plaire de nombreuses années en donnant quantité de feuilles dentées et vertes, recouvertes de poils piquants. Avec ses rhizomes traçants sous terre, elle peut devenir envahissante d’où l’intérêt de la cultiver dans un contenant ou une surface canalisée.
– Dans la maison : les feuilles une fois séchées se conservent à l’abri de la chaleur, de la lumière et de l’humidité.